Murmures est une production en provenance de Montréal composée par un artiste qui n'en est pas à ces débuts. Déjà 17 années d'expérimentations dans son home studio et de nombreuses collaborations de 1990 et à l'an 2000. Ce projet solo électro-acoustique, enregistré sur plus de 2 ans, developpe une musique d'ambiance expérimentale et repose sur un concept complexe qui tente de saisir l'essence d'un moment ou d'un évènement pour le retranscrire de manière auditive. A cela s'ajoute la puissance du chiffre 9 et de sa division en nombre entier 3. Ainsi l'album "Quiet" se découpe en 3 groupes de 3 titres, correspondant chacun aux trois premières lettres de l'alphabet. Il suffit de jeter un oeil à la playlist pour le vérifier. On s'enfonce davantage dans le conceptuel avec la durée des morceaux car après une décomposition en "3x3", arrive celle de "4+5". 5 chansons ont une durée de 5:45 ; 3 une durée de 4:44 et enfin une qui s'étale sur 9 minutes. L'artiste tend ainsi un lien entre le rationnel, l'abstrait et les sentiments...
Concrètement, qu'en est-il ? C'est ce que je vais tenter de vous faire découvrir.
Nous abordons une ambiance un peu crépusculaire, comme après un petit bon en avant dans le temps pour assister à la fin de notre civilisation... Quelques humains errent ça et là, perdus dans les ruines de ce qui fut une ville. On peut entendre une guitare dissonante qui rappelle ce qu'a pu être le rock (A walk in the auto park), mais la nuit tombe sur ce nouveau monde et l'angoisse règne. C'est la guitare qui rassure, en rappelant aux hommes qu'elle a fait danser des générations entières (Attractive body, Alone in the dark)... La guitare est ici le lien avec le rationnel. Le soleil se lève enfin et le petit déjeuner est un moment convivial et rassurant, une note d'espoir pour ceux qui ont survécu (Breakfast). Une tentative de rétablir le contact avec d'autres villes se fait par la restauration du réseau hertzien, qui distille des échos de vie lointaine (Bees). Il faut se réorganiser afin reconstruire, dans un nouvel élan de solidarité sans pareil (Bikini Tops, Colling engine) et chacun apporte ses idées et son expériences (Chit chat). Puis à la tombée du jour se lève cet espoir nouveau de vie et de pérennisation de l'espèce (Communications). Ce n'est pas la fin !
Le disque explore un univers électro-acoustique où la guitare est omniprésente, sous forme de dissonances ou d'échos, comme un murmure parmi d'autres de sources diverses, humaines ou non. La rythmique est assez rare et lui sont préférées des nappes éthérées ou sombres. Le résultat invite à une introspection plutôt qu'à une évasion, avec en ombre au tableau une certaine monotonie qui se fait ressentir sur la fin et que l'ingéniosité du concept ne parvient pas à palier.